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L’Asie échange avec l’Afrique de l’Ouest les stratégies clés pour la réussite de la chaîne de valeur


Abidjan, Côte d'Ivoire | 27 février 2018 -- « La chaîne de valeur du riz en Asie a subi une transformation rapide et est maintenant très bien intégrée et organisée, » a fait remarquer Dr Harold Roy-Macauley, Directeur général du Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice). « Il nous faut identifier des stratégies appropriées en amont, à mi-parcours et en aval d’Asie, qui pourraient être applicables en Afrique de l’Ouest, pour rendre ses chaînes de valeur compétitives et transformationnelles, afin qu’elles puissent contribuer efficacement à la sécurité alimentaire dans la sous-région.»


Faisant ces remarques lors d’un atelier de concertation sur la compétitivité comparative du riz, abrité par AfricaRice du 29 janvier au 1er février 2018, à Abidjan, Côte d’Ivoire, Dr Roy-Macauley a en outre expliqué, « Le principe de cet atelier de concertation est que les principaux pays producteurs de riz en Asie et en Afrique de l’Ouest ont beaucoup de choses en commun en ce qui concerne le développement des chaînes de valeur du riz. Il est donc important de faciliter le partage des connaissances et des expériences. »


Les ingrédients clés de l’expérience réussie de la riziculture asiatique tels que l’engagement fort des États, un environnement politique favorable, les investissements à long terme dans les infrastructures et la recherche, l’accent sur le développement de l’ensemble de la chaîne de valeur, de même que l’approche axée sur le marché avec un accent sur les besoins des consommateurs, ont été mis en exergue pendant cet atelier organisé conjointement par AfricaRice, la Banque mondiale et le Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF/WECARD).


La professionnalisation des acteurs de la chaîne de valeur, les organisations paysannes fortes, l’utilisation des variétés à haut rendement et la mécanisation, le système d’appui au crédit, la création de marchés pour la production nationale, la participation du secteur privé à l’approvisionnement des intrants, l’usinage du riz par le secteur privé, les mécanismes d’assurance qualité, le marquage et les activités promotionnelles, et les systèmes d’achat et de distribution réglementés ont également été d’autres facteurs importants de succès qui ont émergé.


Le riz est la principale source de calories alimentaires en Afrique de l’Ouest, et est reconnu comme étant une culture stratégique par les chefs d’États africains. Cependant, la production rizicole n’a pas pu satisfaire les hausses de la demande causées par la croissance démographique, l’urbanisation rapide et les préférences des consommateurs, qui sont de plus en plus exigeants en termes de meilleur qualité de riz. Le riz local se vend au prix réduit à cause des perceptions sur sa mauvaise qualité.


« Notre expérience avec le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), un programme régional facilité par la Banque mondiale et le CORAF/WECARD, nous a montré qu’il ne suffit pas d’accroître la production du riz local et penser qu’il va remplacer le riz importé, » a déclaré Dr Abdoulaye Touré, Chef économiste, World Bank Agriculture Global Practice. « Il faut que notre chaîne de valeur du riz soit mieux intégrée et capable de concurrencer le riz importé en termes de qualité. »


Les résultats préliminaires d’une étude en cours de la Banque mondiale sur la politique, les facteurs institutionnels et les investissements publics/privés du développement réussi de la chaîne de valeur du riz dans des pays sélectionnés d’Asie (Cambodge, Inde et Thaïlande) ont été présentés lors de l’atelier en vue d’informer le Programme de transformation agricole en Afrique de l’Ouest (PTAAO) – un nouveau programme régional facilité par la Banque mondiale – et d’autres interventions visant l’autosuffisance en riz.


Les résultats de l’étude de la banque mondiale ont été complétés par des présentations sur leur secteur rizicole national respectif faites par les représentants des trois pays asiatiques. En outre, des présentations sur le rôle des chaînes de valeur du riz dans les stratégies nationales de développement rizicole ont été faites par les points focaux de cinq pays ouest africains (Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Nigeria et Sénégal).


Dans le cadre de l’initiative du Plan continental d’investissement pour accélérer l’autosuffisance en riz en Afrique (CIPRiSSA) dirigée par AfricaRice, les approches basées sur des preuves en vue d’accélérer l’autosuffisance en riz, avec un accent sur les projections des investissements supplémentaires à faire dans les segments prioritaires des chaînes de valeur du riz de même que les délais pour atteindre l’autosuffisance, ont été aussi présentés.


Environ 55 participants venus d’Afrique et d’Asie, y compris les représentants des gouvernements, des organisations régionales et sous-régionales (CORAF/WECARD), des initiatives agricoles [Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD) et Grow Africa], des institutions de recherche, de la communauté des donateurs, des organisations non gouvernementales, des banques de développement, des coopératives d’agriculteurs, du secteur des usines et de l’agro-industrie, ont pris part à l’atelier de concertation.


Les principaux partenaires au développement, notamment la Banque africaine de développement (BAD), l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), le Fonds international de développement agricole (FIDA), l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et la Banque mondiale, ont aussi participé activement.


Les participants ont exprimé leur satisfaction par rapport à l’opportunité d’échanger les informations et les expériences entre des acteurs solides de la chaîne de valeur venus d’Asie de même que les acteurs émergeants venus d’Afrique.


Ils ont discuté de la possibilité d’avoir plus d’échanges de ce genre en mettant en place une plateforme coopérative Sud-Sud dans ce domaine. Les partenaires au développement ont, à l’unanimité, accordé leur soutien aux pays africains à conduire leurs propres programmes en vue de développer des chaînes de valeur du riz efficaces.


Ils ont aussi adhéré à l’initiative du CIPRiSSA, qui est un outil puissant développé par AfricaRice à être utilisé par les pays africains pour les aider dans la prise de décision des investissements visant à accélérer l’autosuffisance en riz. Cependant, ils ont conclu que le CIPRiSSA pourrait être plus efficace s’il propose plusieurs scénarios dans ses projections de l’atteinte de l’autosuffisance en riz.


Les recommandations préliminaires issues de l’atelier pour renforcer les chaînes de valeur du riz en Afrique de l’Ouest incluent les suivantes :

  • Politique : Les gouvernements en Afrique de l’Ouest doivent poursuivre leur soutien au développement continu de la chaîne de valeur du riz avec un accent sur la mise en place et la mise en œuvre de politiques rizicoles adéquates et des infrastructures de base améliorées, telles que les équipements d’irrigation et de stockage, les routes de desserte et l’électrification.

  • Production : La création de groupements de producteurs dans les différentes zones agro-écologiques qui cultiveraient un nombre réduit (maximum deux à cinq) de variétés de riz prisées sur le marché à la différence de la pratique traditionnelle de cultiver plusieurs variétés. Cela permettra de réduire le mélange de grains et sera une incitation pour conquérir les marchés de riz lucratifs aux niveaux urbain, régional et international en Afrique.

  • Stratégie de commercialisation : La classification du riz usiné de qualité en Afrique de l’Ouest, visant à cibler différents marchés avec différentes fixations de prix, doit être encouragée. Des études doivent être faites sur le commerce transfrontalier du paddy qui permet à d’autres pays de transformer le riz et de le valoriser pour leurs marchés.

  • Données : Le travail en cours sur le CIPRiSSA, impliquant la collecte et l’analyse de données crédibles pour guider les investissements dans le domaine des chaînes de valeur du riz en Afrique de l’Ouest, doit être soutenu.

  • Création d’une synergie entre les différentes initiatives des chaînes de valeur du riz : Les différentes initiatives existantes sur l’amélioration des chaînes de valeur du riz dans chaque pays doivent s’aligner sur la stratégie nationale de développement rizicole. Cela pourrait être facilité par la mise en place du Système d’appui pour l’accélération de l’autosuffisance en riz en Afrique (SSARSSA) proposé par AfricaRice. SSARSSA aidera à étendre les études du CIPRiSSA à d’autres pays et à soutenir l’autosuffisance en riz en Afrique.

Les participants ont formé des groupes de travail afin de tirer des leçons sur la productivité, la production, le commerce, les questions de qualité, la transformation, l'agrégation, les synergies régionales, la conception de la chaîne d'approvisionnement, les outils politiques, les investissements publics, l'atténuation des risques et la création d'emplois. Celles-ci seront définies dans une note de politique.

Exprimant sa gratitude au nom des États ouest africains participant à l’atelier, M. Moustapha Sissoko, point focal du CIPRiSSA, gouvernement du Mali, a déclaré, « Nous allons soumettre aux autorités de notre gouvernement le rapport exhaustif de cet important atelier et attirer l’attention de nos décideurs politiques sur l’ensemble de ses recommandations. »

Lors de la session de clôture, Dr Touré a dit que l’étude de la Banque mondiale sur le thème « Développement des chaînes de valeur du riz : principes directeurs venus d’Asie » sera aussi partagée avec les décideurs politiques et autres partie-prenantes, une fois qu’elle sera finalisée. « Les parties-prenantes attentent beaucoup de l’Afrique en ce qui concerne le secteur rizicole et ils sont convaincus que l’Afrique peut jouer un grand rôle à se nourrir elle-même, mais aussi à nourrir le monde entier. »


A propos d’AfricaRice

AfricaRice est un Centre de recherche du CGIAR – un partenariat mondial de la recherche agricole pour un futur sans faim. AfricaRice est aussi une association intergouvernementale composée de pays membres africains. Pour plus d’informations, visiter : www.AfricaRice.org


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